La Gueule de Bois

Après Noël

Je suis cuite – La gueule de bois est sexuelle

En ce lendemain de réveillon, période de fêtes trop arrosées, souvent synonyme de gueule de bois, j’ai envie de vous faire une confession.

Je suis là, le corps lourd et le cerveau rouillé, en pyjama, un verre d’aspirine à la main, avec la gueule de bois, dans cet état de post alcoolisation qui permet seulement d’attendre le retour de l’état zéro de l’alcool dans le sang.

Une mollesse force 10 empêche la moindre action. Je laisse défiler Instagram et ses clichés des dernières festivités qui me donnent maintenant la nausée. Je remarque que tous mes ex ont regardé mes stories (sans liker aucun feed évidemment). Dans cette phase d’élimination pendant laquelle on ressent les effets délétères de l’alcool (déshydratation, maux de tête, accélération du transit…) qui ressemblent à la fin du monde, cela m’ arrache un sourire. Eux aussi souffrent: ils ont la libido des lendemains de cuite. Vous ne connaissez pas? Tout le monde ne la ressent pas, mais certains ont cette chance. Après une cuite, certaines personnes ressentent une vive envie de faire l’amour. Après en avoir parlé à mes copines, j’en ai eu la confirmation , elle existe.

« Je suis à chaque fois prise d’une frénésie sexuelle ! » m’a dit Lucette (j’ai changé les prénoms pour préserver l’anonymat), chef d’entreprise de 52 ans. Avant de développer amusée :« C’est une pulsion pure. Une sensation qui n’est mue par aucune motivation extérieure. Ni une fille, ni un garçon, ni une image, ni un film. Tu as juste envie. »

Emilienne, journaliste, habituée des gueules de bois

« J’appelle ça les lendemains lubriques. » Elle a déjà « pré-enquêté » le sujet de façon bien rigoureuse :« C’est un phénomène qui touche environ 50% de mes copines. Sur la base d’une question posée à cinq ou six d’entre elles un soir de cuite il y a dix ans. » Elle se souvient de sa dernière gueule de bois, avant hier. «Le lendemain, je ne suis pas allée travailler, mais n’ai pas réussi à dormir non plus…. J‘ai passé la journée à penser au cul. » »Je crois que c’est lié à la fatigue, tu es dans un état de nostalgie et de douceur. Et tous les hommes que tu croises sont beaucoup plus désirables.

Mauricette 47 ans, chef de projet marketing opérationnel

« Le matin, en me réveillant, j’ai envie. Dans l’aprèm, juste après avoir mangé, j’ai encore envie. Mais en fin de journée, j’ai le contrecoup, je suis juste dans le mal. » Y aurait-il alors un lien entre descente d’alcool et libido ? Pas franchement, non. Pendant la montée de l’ivresse, la libido peut certes être stimulée. L’alcool désinhibe. Mais le lendemain… L‘alcool agit sur le circuit récompense du cerveau grâce à l’action de la dopamine. Mais de là à imaginer que ces effets se poursuivent le lendemain des excès, cela semble tiré par les cheveux.

Si on ne trouve pas de réponse du côté de l’alcool, c’est peut-être du côté du sexe qu’il faut les chercher.

D’abord, le sexe a un effet quasi médicamenteux. Il n’existe pas d’étude à proprement parler sur le sexe et la gueule de bois. Mais on sait que l’ocytocine, hormone libérée pendant l’orgasme, a des vertus anti-inflammatoire et qu’elle permet d’augmenter le seuil de tolérance à la douleur. Ensuite, il y a dans le sexe, et le bon gros McDo du lendemain de fête, l’accès à un plaisir simple et lourd.

Aphrodite, jeune femme de 41 ans qui travaille dans la musique :« Je fais pas mal la fête. Et les lendemains, on a le corps épuisé. On est comme dans une barbe à papa. Tout mou. Et on a juste envie de se faire du bien. »

Comme on ne peut pas aller courir, comme on n’a pas envie de parler, le sexe est l’une des seules portes d’accès au bonheur. Sarah, cinquantenaire parisienne, appelle la gueule de bois son « shabbat sexuel ».« C’est un peu comme si c’était la seule chose dont j’étais capable. Mon esprit fonctionne mal, lire un bouquin me demande trop d’efforts, regarder un film aussi. Alors je reste sous ma couette. […] »C’est un moment où tu ne culpabilises pas de rien foutre. La gueule de bois, c’est très centré sur soi, en fait puisque tu peux pas faire grand-chose de social ou professionnel. »

Alors :« Souvent je me suis retrouvé à chatter sur Facebook avec de vieux plans culs ou des ex, du fond de mon lit à chercher de l’interaction sexuelle. »

Voilà: C’est pour ça les ex. Vous avez compris maintenant que je vous ai tout expliqué par A+B. Pour conclure : quand on passe à l’acte, c’est bien ?

C’est souvent beaucoup mieux que la veille (l’alcool rend parfois les rapports laborieux). « Ce sont souvent de super baises ! », assure Émilienne. Et un peu différentes, dit Aphrodite. « On est plus détendue. Le rapport s’inscrit dans une autre forme douceur de celle que l’on pourrait expérimenter un jour lambda. »

Appelons cela le sexe-doudou.

 

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